Skip to content
Menu
la-recroissance-economique-par-la-circularite-generation-circulaire-clement-chenut

La « RE-croissance » économique par la circularité

Alors que 85% des Français estiment que l’adaptation de notre société, de notre économie et de nos modes de vie au changement climatique doit être une priorité, 80% de la population se dit inquiet.

En d’autres termes, bien que les efforts en matière de sensibilisation semblent porter leurs fruits, c’est le passage à l’action qui peine à convaincre. Cette situation paradoxale est principalement dûe à un manque d’alignement autour d’un lexique commun, clair, et surtout attractif vis-à-vis des objectifs individuels et collectifs à atteindre pour nous émanciper des habitudes héritées de l’économie du tout jetable.

Les dernières années ont été marquées par la démocratisation de mots tels que la ‘décroissance’ ou la ‘déconstruction’ qui n’ont visiblement pas su convaincre dans l’adoption de ces pratiques au quotidien. Ces concepts ont pour point commun la présence du préfixe « dé » qui est généralement employé pour exprimer la cessation d’un état ou d’une action, ou l’état et l’action inverses. A contrario, l’économie circulaire positionne l’optimisation de l’usage des produits et des matériaux au cœur au travers de concepts tels que la réduction, le réemploi, le reconditionnement, ou encore le recyclage. Ces derniers commençant par le préfixe « re » expriment la réitération, le retour à un état antérieur, le renforcement, etc.

La « RE-croissance » économique par la circularité generation circulaire clement chenut

Si l’économie circulaire est notre socle, elle doit nous permettre de développer la recroissance par la réorientation des décisions stratégiques au travers d’une vision long terme interdisant toute dégénérescence au sein de notre économie. La recroissance implique dès lors de refuser, parfois avec courage, le développement de certaines activités si celles-ci engendraient plus de destruction à long terme malgré de potentiels gains opportunistes à court terme. Dans la lignée du phénomène schumpetérien de destruction créatrice de l’économie, la recroissance par la circularité permet de piloter la transition en dissociant ainsi la valeur à créer de celle à détruire en fonction de son utilité dans le temps. N’y voyez pas ici une manière déguisée de présenter la croissance verte sous un autre nom. La croissance verte vient en juxtaposition de nos pratiques actuelles sans les modifier – ce qui consiste à mettre un pansement sur une jambe de bois, là où la recroissance permet d’opérer la transformation incrémentale des chaînes de valeur industrielles, de nos filières et de nos territoires.

En quoi l’économie circulaire contribue-t-elle à la recroissance ? Tout d’abord, l’économie circulaire représente un potentiel économique de 7,7 trillions de dollars à l’échelle mondiale (2,5x le PIB de la France) et de dynamisation territoriale avec la création de 300 000 emplois en France à horizon 2030. C’est aussi un levier considérable vis-à-vis des enjeux de souveraineté en réduisant jusqu’à 39% le besoin en matières premières vierges grâce à la mise en place de systèmes de revalorisation et de circuits courts. Enfin, c’est un catalyseur dans la trajectoire de décarbonation permettant de réduire jusqu’à 39% les émissions de GES (principalement associées aux processus d’extraction et de transformation des matériaux, de production et de transport) et de minimiser la pollution et le gaspillage.

En marketing, les mots ont un sens, notamment si l’objectif est bien d’impulser une dynamique collective positive autour d’un changement qui doit s’opérer sur le long-court. Là où le discours actuel par l’usage du « dé » impose une sobriété subite voire punitive, celui du « re » incarné par la recroissance circulaire propose une sobriété désirée où la notion de valeur n’est pas associée à la possession et la vente de produits en volume mais bien autour de l’usage et des services. Pour accélérer le changement des comportements il est essentiel que le « re » devienne réalité au travers d’un nouveau lexique qui s’installe dans notre quotidien. Par exemple, les dévendeurs de la campagne de l’ADEME doivent devenir des revendeurs, ou encore les entreprises qui sont dégénératives dans l’économie actuelle doivent embrasser des modèles régénératifs en positionnant la circularité et la mesure d’impact au cœur de leur stratégie.

La recroissance doit être notre objectif commun, la circularité le moyen, pour bâtir une société non pas déconstruite mais reconstruite fondée sur la création de valeur long terme et socialement juste qui nous fait entrer progressivement dans ce que Jacques Attali appelle « l’économie de la vie ». Alors, entrons dans l’ère du « re », discours mobilisateur en faveur de la réindustrialisation, la relocalisation ou encore la revalorisation afin de réconcilier enfin fin du mois et fin du monde.

Ça peut aussi vous intéresser :

Suivez moi

Clément Chenut © 2024 – Mentions Légales

Site créé par DOPE