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Montre-moi ce que tu jettes et je te dirai qui tu es

« Montre-moi ce que tu jettes et je te dirai qui tu es » : le déchet est symptomatique de notre façon de vivre. Il en dit beaucoup sur nos habitudes, et nos routines. L’écrivain italien Italo Calvino va plus loin : « Jeter est la première condition indispensable pour être, parce qu’on est ce qu’on ne jette pas ». Jeter c’est aussi vivre. Pas d’existence humaine sans déchet. En 2023, l’humanité a produit un volume record de 2,12 milliards de tonnes de déchets. Un chiffre qui devrait augmenter de 70% d’ici 2050 si nous restons sur les tendances actuelles. En parallèle, seulement 9% des déchets dans le monde sont recyclés alors que 22% sont disposés dans des décharges à ciel ouvert ou sont dispersés dans la nature et 69% sont incinérés ou enterrés. Bien que les déchets existent depuis toujours, leur présence exponentielle a créé des déséquilibres en cascade (économiques, environnementaux, sociaux, sanitaires) symptomatiques d’un modèle qui s’essouffle. Sommes-nous condamnés à finir ensevelis sous nos déchets ?

Qu’est-ce qu’un déchet ?

Pour mieux comprendre l’ampleur de ces chiffres, il est essentiel de comprendre ce que nous entendons par « déchet ». D’après les autorités européennes, le déchet est défini comme « toute substance ou tout objet dont le détenteur se défait ou dont il a l’intention ou l’obligation de se défaire ». Par conséquent, la vision de ce qu’est un déchet demeure subjective d’un individu à l’autre. D’un point de vue éthique, cela vient à se poser la question d’à partir de quel instant, une société et ses individus estiment qu’un produit a atteint le statut de déchet et du modèle de revalorisation qui est associé vis-à-vis de ces déchets.
Du fait de leur grande variété, les déchets peuvent être classés selon le producteur (déchets ménagers, déchets d’activités économiques), ses propriétés naturelles (dangereux (inflammables, toxiques, dangereux pour l’environnement…), non dangereux (biodéchets, de déchets de verre ou de plastique, de bois, etc.), non dangereux inertes (déchets de béton, de briques, de tuiles, etc.)) voire le secteur où il a été produit.

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Bien que le déchet soit un marqueur physique à la fin du cycle, il est la conséquence d’un modèle civilisationnel, économique et industriel sous-optimisé. Conséquence d’une situation de déni qui s’est instaurée au cours des dernières décennies, un mur de déchets s’est érigé face à nous avec une dette environnementale qui ne cesse de s’alourdir :

    • Nous consommons bien au-delà de ce que la planète peut fournir (ex : le jour du dépassement, date à laquelle l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la Terre peut reconstituer en une année, stagne entre juin et juillet)
    • Nous revalorisons peu dans un monde souffrant de pénurie de ressource (ex : le taux de circularité mondial est de 7,2% en 2023 sur l’ensemble des ressources extraites chaque année)
    • Nous générons des effets négatifs systémiques sur la planète et le vivant (ex : 6 des 9 limites planétaires susceptibles de menacer la stabilité des écosystèmes ont été dépassées à cause de l’activité humaine)

Comment en sommes-nous arrivés là ? Quelle est la relation entre le déchet et le développement de l’humanité ?

Analyser les déchets, c’est essayer de comprendre l’ensemble des maillons de la chaîne de valeur allant de l’extraction des matériaux, à leur transformation jusqu’au motif et moyen de consommation. Cependant, en archéologie, les déchets sont utilisés pour retracer l’évolution des civilisations vis-à-vis de leur modèle de développement et leur relation avec la nature, le vivant et autrui.
Historiquement, l’esprit de conquête naturel de l’homme l’a mené à chercher à créer de la richesse comme indicateur de développement. Cette quête de richesse s’est traduite par le besoin d’une croissance démographique rendue possible dans un premier temps par les progrès dans l’agriculture et l’exploitation des ressources, l’amélioration des conditions sanitaires et d’hygiène, le commerce international ou encore l’urbanisation. La taille des empires illustre parfaitement cette évolution et est instruite par les vestiges laissés par nos déchets. Ensuite, les révolutions industrielles en donnant successives accès à l’énergie, les machines et l’information ont d’autant plus accéléré cette tendance avec des populations qui ne se comptent plus en millions mais en milliards d’habitants (cf. frise ci-après).

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Seulement, à cette croissance démographique et économique, synonyme de création de richesse, s’adosse une consommation exponentielle voire insouciante de la ressource et de la production de déchet. Paradoxalement, alors que la création des égouts et de la poubelle datent respectivement de 1833 et de 1884, il n’y a jamais eu autant de déchets et de pollution qu’aujourd’hui.
Quel est le niveau d’exposition au risque d’approvisionnement en ressources ? Quels industries et emplois sont présents sur le territoire pour créer et conserver la valeur autour des produits mis en marché ? Quel seuil d’acceptabilité d’une société face à la pollution et la dégradation de son environnement (réserves en eau, dégradation des sols, perte de biodiversité…) ? Quel avenir construire pour les générations futures pour permettre à chacun de se loger, se déplacer, se nourrir, consommer, ou encore se cultiver durablement ? Le déchet est donc au centre de l’échiquier politique. Il illustre par sa simple présence le niveau d’autonomie et de souveraineté d’un pays vis-à-vis de la bonne gestion des actifs qui circulent dans son économie pour les industries, les entreprises et les individus grâce à l’usage optimisé de nos ressources.

Alors en cette journée mondiale du recyclage, rêvons alors d’un monde sans déchet pour tous grâce à la mise en place d’une gouvernance circulaire à l’échelle locale, nationale et internationale pour

    • Répondre aux risques liés à la compétitivité et à l’approvisionnement en ressources pour les entreprises.
    • Atteindre nos objectifs de neutralité carbone dans le cadre du Green Deal d’ici 2050.
    • Soutenir la France et l’Europe dans leur positionnement stratégique et géopolitique grâce à une plus grande autonomie et souveraineté sur les ressources incluant les déchets.

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